L’invention de la série que développe Monet s’annonce dès 1877 lorsque celui-ci expose : « des intérieurs de gare superbes. On y entend le grondement des trains qui s'engouffrent, on y voit des débordements de fumée qui roulent sous les vastes hangars. Là est aujourd'hui la peinture, dans ces cadres modernes. » Ces nouvelles architectures, que Zola glorifie, sont celles de la modernité. Dans les séries peintes par Monet, la cathédrale de Rouen se présente comme un contrepoint diamétralement opposé au motif de la gare : si cette dernière peut être conçue comme la cathédrale de la modernité, l’édifice rouennais renvoie au passé du monument national et du lieu de mémoire. Une idée que salue Clemenceau lorsqu’il fait paraître son article « Révolutions de cathédrales ». Au moment où Renan rédige Qu’est-ce qu’une nation ?, la série de Monet peut s’interpréter comme une volonté de rappeler l’inscription dans le territoire national de la cathédrale normande.
Sisley, dont l’oeuvre est dominée par la représentation de champs et de prairies, ne s’est consacré que rarement à des scènes urbaines ou à des monuments architecturaux. Sa série sur l’église Notre-Dame de Moret-sur-Loing est donc exceptionnelle. Cette série révèle de clairs éléments d’imitations vis-à-vis des cathédrales de Monet. Pour la première fois, ces deux séries seront confrontées, montrant comment les peintres impressionnistes ont joué sur le monument diversement éclairé selon les heures et les saisons, et vu sous de multiples points de vue.