Monet travaille sur sa série lors d’un premier séjour à Rouen de février à avril 1892, puis d’un second en 1893. Il retient le jeu dissolvant des lumières sur la façade à travers 28 toiles dont le cadrage partiel et les points de vue peu différents sont relatifs  aux 3 ateliers qu’il occupe face à l’édifice.

La composition frontale et statique du portail vu de face, harmonie brune relève du premier atelier au nord de la place.

Chaque fois le motif occupe toute la surface de la toile dans un parti pris décliné à travers toute la série à l’instar du format vertical que structurent les denses scansions de l’architecture qui devient d’une certaine façon le support de la peinture. Ce qui intéresse Monet dans le sujet « cathédrale » c’est de pouvoir retrouver un même motif d’une année sur l’autre. Un motif fixe mais changeant sous les effets de la lumière.

Ces œuvres font partie des 20 toiles reprises en atelier et datées, sans distinction, de 1894 pour en affirmer l’unité. Dans un parti pris audacieux de composition, de cadrage et de nouveau dialogue avec le spectateur, Monet réussit grâce au principe de la série à donner forme au temps chronologique et pousse à son paroxysme la figuration de la fugacité d’un moment, cher au concept baudelairien de la modernité. Présenter, non pas une œuvre mais une série, inaugure un principe créatif qui sera très apprécié des artistes modernes et contemporains.