Elisa Victorine Henry
(1790 - 1873)
Date : 1832 | Technique : Huile sur toile
Cette petite toile illustre un passage de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Il s’agit du moment où Quasimodo délivre Esméralda condamnée à être pendue pour un crime qu’elle n’a pas commis. Portant sur l’épaule l’ « Égyptienne » à la gorge dénudée, il s’apprête à entrer dans la cathédrale pour y trouver refuge. La scène s’apparente au « genre historique », c'est-à-dire un type de sujet, issu de l’histoire médiévale ou de la Renaissance, traité sur le mode de l‘anecdote. Cet aspect conjugué à l’action de la scène fait pencher l’image du côté de l’illustration. On se trouve donc chaque fois à la frontière de différents systèmes, entre peinture d’histoire, scène de genre et illustration. Cette ambiguïté de genre est un territoire idéal pour une femme peintre. En effet dans l’histoire de l’art, les femmes ont très souvent été écartées du grand genre, la peinture d’histoire, au profit des portraits, des natures mortes ou des scènes de genre, ce qui est le cas de Victorine Henry.
Après la princesse Europe, les Sabines, ou les filles de Leucippe, c’est au tour d’Esméralda de faire l’objet d’un rapt, avec tout ce que cela représente de charge érotique. Quant au binôme Quasimodo/Esméralda, très apprécié des illustrateurs, il offre un topos particulièrement romantique, celui de la belle et du monstre capable de sentiment. Dans une période néo-gothique, le roman d’Hugo offre une série de sujets très appréciée des artistes permettant le renouvellement de la peinture d’histoire.