Aller au contenu principal

Suzanne et les vieillards

Sienne, Pinacothèque nationale

Francesco di Giorgio Martini

(1439 - 1502)

Date : Vers 1460 | Technique : Tempera et or sur panneau

Ces scènes de l’Ancien Testament prenaient place dans le cadre profane d’une chambre nuptiale. Ces trois panneaux sont issus d’un coffre, cassone, ou d’une tête de lit, spalliera. Joseph résiste à une femme adultère, Suzanne à des vieillards concupiscents : ces modèles proposent ainsi aux propriétaires un comportement conjugal irréprochable. La représentation d’une architecture antique réglée selon les principes de la perspective est un intérêt nouveau dans la peinture siennoise. La tradition gothique reste cependant présente dans les silhouettes graciles des personnages, dans les végétations détaillées et le paysage peu modelé en arrière-plan de la vente de Joseph.

Ingénieur militaire, architecte, peintre et sculpteur, Francesco di Giorgio Martini est une figure importante de la Renaissance qu’on a parfois comparé à Léonard de Vinci. Il incarne ces hommes universels aux talents et curiosités multiples qui sont emblématiques du Quattrocento.

Exécutés vers 1460, ces trois panneaux aux thèmes tirés de l’Ancien Testament sont des œuvres de jeunesse de l’artiste. Ils appartiennent certainement à deux destinations différentes. Les deux épisodes de la vie de Joseph devaient ornés une spalliera, une tête de lit, dont le programme iconographique adresse un exemple de morale à l’époux. La première scène raconte l’épisode où Joseph est vendu comme esclave à une caravane de marchands après avoir été jeté dans un puits par ses frères jaloux de la préférence que lui porte leur père Jacob. Dans le deuxième panneau, Joseph refuse les avances de la femme de son maître égyptien Putiphar ; par vengeance elle l’accusera d’avoir voulu la séduire et Joseph sera emprisonné.

Le sujet est prisé à partir du milieu du XVe siècle, il fonctionne comme un exemple de continence adressé à l’époux. Pour la jeune mariée, c’est le cassone qui dans la chambre nuptiale accueillait l’exemple de vertu. Il est ici traité par le biais de l’histoire de la chaste Suzanne. L’héroïne biblique est surprise pendant son bain par deux vieillards concupiscents qui menacent de la dénoncer comme femme adultère si elle refuse leurs avances. Seule la sagacité du prophète Daniel sauve l’honnête Suzanne de la lapidation.

Francesco di Giorgio Martini adapte le sérieux du langage florentin à la fantaisie siennoise et sa vivacité narrative. La rigueur des architectures antiques articule un espace réglé par une exacte perspective à un seul point de fuite, cependant dans l’arrière-plan de Joseph vendu par ses frères, les collines ressemblent à celle du vieillissant Paolo di Giovanni. De la peinture gothique, l’artiste refuse les couleurs intenses au profit d’une palette plus équilibrée mais il en conserve les silhouettes graciles des personnages, la végétation détaillée et le paysage peu modelé en arrière-plan. Elève de Vecchietta et en contact avec le milieu florentin, il est ouvert aux innovations du temps. Il adopte un vocabulaire nourri de l’Antique pour l’architecture et le décor, tout en s’intéressant à la représentation du nu féminin. Le goût siennois de la précision et du détail persiste dans les végétations ciselées des trois panneaux.

 

 

Agenda

Inscription Newsletter