L’identification de cette sainte distinguée reste incertaine. Il s’agit probablement de sainte Agathe, une chrétienne de Sicile martyrisée par arrachement des seins et dont la mise à mort serait discrètement évoquée par le vêtement dégrafé. La peinture faisait partie d’un polyptyque démembré dont il subsiste 5 panneaux. Notre sainte regardait l’image centrale représentant une Vierge à l’enfant, elle se situait donc sur la partie gauche du retable. L’œuvre est attribuée à Pietro Lorenzetti. De la génération de Simone Martini, il est formé auprès de Duccio en compagnie de son frère cadet Ambrogio. À la suite de leur maître, les Lorenzetti font évoluer l’art de l’icône vers une culture gothique qui combine stylisation et attachement au réel. Les deux frères sont des acteurs essentiels dans la mise au point du paysage et d’un nouvel espace tridimensionnel, notamment dans leurs fresques.

Le polyptyque auquel appartient cette œuvre est daté vers 1315, au début de la carrière de l’artiste. L’arc en plein cintre du cadre appartient encore au Duecento (13^e siècle italien). Comme pour tous les panneaux recensés du retable, l’auréole est incisée dans la couche de préparation, ce procédé est abandonné après 1320 quand Pietro les travaille au poinçon en suivant l’exemple de Simone Martini.

L’œuvre cultive le goût siennois de la ligne et de la stylisation, en particulier dans la main aux doigts effilés tenant la croix, la fluidité du ruban sur le cou et l’épaule de la sainte ou les emmanchures ourlées d’un galon noir. Le goût du détail élégant s’affiche dans la chevelure ciselée, les curieux boutons ornés de perles ou les broderies d’inspiration orientale du vêtement de dessous. Ces éléments sont le reflet des modes vestimentaires de l’élite siennoise du temps. Ils présentent la sainte sous un mode concret et aristocratique contemporains, bien que celle-ci ait vécu au III^e siècle, la figurant ainsi bien plus accessible pour les fidèles. L’intensité du regard de sainte Agathe montre la recherche d’un style expressif cultivé par Pietro Lorenzetti.