Aller au contenu principal

La Crucifixion et La Déploration

Sienne, Pinacothèque nationale

Gregorio di Cecco

(Vers 1390 - Après 1424)

Date : Vers 1410 | Technique : Huile et tempera sur toile

Cette œuvre de Gregorio di Cecco est peinte sur toile. Le support, encore rare au début du XVe siècle, laisse supposer qu’il s’agissait d’une bannière de procession. La partie supérieure représente une Crucifixion et l’image en contrebas une Mise au tombeau. À partir du XIIIe siècle en Italie, l’évolution des mentalités met l’accent sur les souffrances de Jésus : dans la spiritualité de l’époque, franciscaine notamment, les douleurs du fils de Dieu sont comprises comme le moyen absolu et nécessaire de la rédemption. Ce dolorisme trouve son parallèle dans la représentation croissante des douleurs de la Vierge, laquelle finit par être représentée évanouie, comme dans cette toile du début du XVe siècle. Ces thèmes s’inscrivent dans la construction d’une spiritualité émouvante et accessible aux fidèles.

L’artiste est d’une génération fascinée par l’âge d’or de la première moitié du XIVe. Il en poursuit le goût pour le raffinement du dessin, l’équilibre de la composition, la capacité narrative et le sens du profane comme, par exemple, dans la scène à droite de la croix où les soldats tirent au sort la tunique du Christ. Dans les drapés, la complexité gothique fait place à l’accalmie, la culture courtoise n’est retenue que dans quelques détails, par exemple dans les drapés du suaire que porte le personnage à gauche de la Déposition ou dans ceux des saintes femmes auprès de la vierge terrassée de douleur. Ils sont associés à des plis amples et des rythmes réguliers que l’artiste tient de son maître et père adoptif Taddeo di Bartolo.

L’œuvre est contemporaine du gothique international. Ce style, qui fait la synthèse de différentes influences, connaît son apogée entre 1380 et 1430. Dans cette œuvre, le fond d’or coexiste avec des recherches tridimensionnelles novatrices comme le raccourci du cheval vu de dos au premier plan. Équilibrée et frontale, la mise en page traditionnelle développe des effets de hors-champ novateur. À gauche de la croix, le curieux cavalier illustre cet exotisme décoratif auquel la dernière phase gothique est sensible. La citation de l’Antique, qui est une base de la Renaissance, est présente dans la tenue du soldat au pied du Christ et dans son bouclier sur lequel se lit l’emblème de la Rome antique SPQR, senatus populusque romanus, «le sénat et le peuple romain».

 

Agenda

Inscription Newsletter