Auguste Rodin
(1840 - 1917)
Date : 1908 | Technique : Plâtre patiné
Originellement intitulée L’Arche d’alliance, La Cathédrale réunit en une même œuvre deux mains droites assemblées dans un geste d’une grande beauté plastique. Cette sculpture de 1908 reflète l’intérêt particulier de Rodin pour les cathédrales, qui culmine avec la publication, en 1914, des Cathédrales de France, dans lequel il chante avec lyrisme son amour pour ces monuments emblématiques, dont il assimile la beauté à celle du corps féminin : « Je veux célébrer ces pierres si tendrement amenées au chef-d’œuvre par d’humbles et savants artisans, ces moulures amoureusement modelées comme des lèvres de femme […] ».
La composition établit un parallèle entre le geste des deux mains incurvées se rejoignant en une courbe, et l’idée d’une voûte gothique, symbole même de la cathédrale : la main est donc investie d’une valeur métonymique, en évoquant la partie pour le tout. Le choix de la main peut aussi être vu comme une allusion à la main des bâtisseurs, et donc comme une réflexion sur l’artiste démiurge. La présence des traces d’outil, bien visibles à la surface de l’œuvre, renforce cette idée de création en marche. Le motif de la main est très présent dans l’œuvre de Rodin : on le retrouve dans plusieurs sculptures, telles Le Secret, La Main de Dieu ou encore La Main du diable. Il témoigne de l’engouement de l’artiste pour le fragment, dont la statuaire antique, source d’inspiration privilégiée, lui offre de nombreux modèles.