Karl Georg Enslen
(1792 - 1866)
Date : 1839 | Technique : Huile sur toile
La vue de la cathédrale de Cologne peinte en 1839 par le peintre d’origine allemande Karl Georg Enslen n’est pas, malgré ce que sa précision pourrait laisser croire, la représentation fidèle du monument tel qu’il existait. Bien au contraire, à cette époque, la construction de la cathédrale de Cologne n’était pas encore achevée, et seul le bas de la façade était édifié !
L’histoire de la cathédrale de Cologne est en effet singulière. Sa construction débute au XIIIe siècle ; elle progresse lentement jusqu’au XVIe siècle, date où le chantier s’arrête brutalement, faute d’argent, alors même que seule une moitié du bâtiment est érigée. La silhouette de la cathédrale incomplète, littéralement coupée en deux, domine la ville pendant des siècles. En 1814-16, on retrouve les plans originaux du bâtiment : cette découverte déclenche un enthousiasme public, qui détermine le roi de Prusse à lancer la poursuite des travaux de construction, en 1842. Cette ultime phase de construction se poursuit jusqu’en 1883 : six siècles après le tout début des travaux, la Cathédrale est enfin achevée. Il faut garder en tête que jusqu’en 1870, l’Allemagne n’existait pas en tant que Nation unifiée : elle était morcelée entre la Prusse, la Bavière, et une multitude de territoires. Dans ce contexte, l’achèvement de la Cathédrale de Cologne a été vécu par la population comme le symbole de la construction de l’unité allemande. L’édifice était investi d’une force politique, et non religieuse : la preuve en est que la souscription qui permit la reprise des travaux constitua une levée de fonds chez une population qui était majoritairement protestante, et non catholique !
Enslen trace donc ici une vue imaginaire de ce que sera l’édifice une fois achevé, en peignant ce tableau trois ans avant la reprise des travaux de construction. La cathédrale baignée de lumière incarne un idéal patriotique, un souhait : celui de l’unité de l’Allemagne.