Charles Frechon
(1856 - 1929)
Date : 1891 | Technique : Huile sur toile
La singularité de ce tableau de Charles Fréchon, par rapport à de nombreuses autres toiles présentées dans l'exposition, est la suivante : il s'agit non pas d'une vue de la cathédrale, mais d'une vue prise depuis la cathédrale. Le vrai sujet du tableau, c'est la ville de Rouen, ses toits d'ardoise, l'abbatiale Saint-Ouen qui les surplombe, les collines verdoyantes qui les entourent. Le peintre joue habilement du contraste de couleur entre la ville baignée par la lumière matinale et le premier plan aux couleurs plus sombres et plus froides. De prime abord, ce premier plan architecturé, qui introduit un cadrage audacieux, semble insolite : il est formé d'un mur de pierre, d'une colonne qui soutient un départ de voûte, et se situe visiblement en hauteur par rapport à la ville. Quel est cet étrange point de vue? Ce qui nous fait comprendre que nous sommes placés sur la galerie de la Cathédrale de Rouen, c'est la gargouille qui se découpe contre le ciel : elle sert de point de référence, ou plutôt de reconnaissance. Elle incarne à elle seule l'ensemble de l'édifice, qu'on imagine sans le voir. L'animal, envahi par la végétation, semble lorgner envieusement les oiseaux qui s'envolent au loin dans le ciel. En même temps que la gargouille équilibre la composition, elle permet de comprendre la cohérence de cette vue en surplomb.