30 ans musée industriel de la Corderie Vallois

Du 5 au 8 décembre 2024

 

Construit sur les rives du Cailly, sur l’emplacement d’un moulin à papier, à l’initiative d’une femme, Marie-Rose Fouquet-Cuit, le bâtiment de 4 étages abrite de 1820 à 1880 une filature de coton. La Vallée du Cailly, surnommée la petite Manchester par Eugène Noël à la fin du 19^e siècle, s’étend de Cailly à Bapeaume-lès-Rouen sur une trentaine de kilomètres. Dès le Moyen Âge sur ses rives se dressent des roues hydrauliques actionnant des meuneries, des ateliers de fabrication de papier et des moulins à alizari.  Ce n’est qu’à la fin du 18^e siècle que ces moulins sont progressivement remplacés par des filatures de coton mues par l’énergie hydraulique. Dans cette vallée affluente de la Seine, le coton devient l’or blanc des industriels. Filatures, tissages, indienneries et teintureries « fleurissent comme des morilles au printemps » témoigne l’écrivain Eugène Noël au 19^ème siècle. Jules Vallois installe sa corderie dans la filature construite par la Veuve Fouquet-Cuit en 1880. Il y fabrique des cordes à broches et des cordelettes tressées vendues aux usines du territoire pour différents usages. La corderie Vallois, usine familiale qui n’employa pas plus de 45 personnes, principalement des femmes, perdure jusqu’en 1978, date à laquelle Maurice Mallet, le directeur doit déposer le bilan. S’ouvre alors pour ce lieu une nouvelle aventure.

   

 

En 1980, l’AMHI (Association du musée de l’Homme et de l’Industrie) est créée par quelques historiens locaux et chercheurs, enseignants et professionnels du patrimoine dont Serge Chassagne, Alain Alexandre, Véronique Fruit, Jean-Pierre Chaline, François Burckard, Philippe Maneville intéressés par la discipline naissante de l’archéologie industrielle. Ils se mobilisent alors pour sauver le bâtiment d’une destruction certaine. Grâce à la ténacité des membres de l’association et aux financement publics (Etat, Région et Département), l’ancienne usine de cordes construite en 1820 a pu être sauvegardée ainsi que l’ensemble de son appareil de production. Seize ans après sa fermeture, la petite usine de cordes devient un musée-usine ! L’inauguration a lieu le 11 février 1994 en présence des collectivités financeurs et des membres de l’AMHI. Le musée de la Corderie Vallois constitue aujourd’hui l’un des derniers témoignages de l’industrie textile sur le territoire et le premier musée industriel en mouvement de France.

 

                    

 

L’originalité du projet de sauvegarde réside dès le départ dans la préservation et la protection de l’intégralité du site, comprenant le bâtiment mais aussi l’ensemble de la machinerie actionnée par la roue à aubes, ainsi que les archives de l’entreprise depuis presque 100 ans. À ce titre, le bâtiment est inscrit à l’Inventaire Supplémentaires des Monuments Historiques dès 1975 et 40 machines sont classées Monuments Historiques en 1984. L’ensemble du bâtiment a été restauré et plus particulièrement, le système hydraulique et les machines, afin de permettre une mise en fonctionnement devant les futurs visiteurs. Une attention particulière est portée à l’histoire des femmes et des hommes qui ont travaillé dans ce lieu, à leurs conditions de travail mais également à leur savoir-faire. Le projet architectural piloté par le cabinet nantais de Jean-Marie Lepinay inscrit le lieu dans sa nouvelle fonction de musée, avec l’adjonction de bâtiments contemporains dédiés aux fonctions muséales. La réussite du projet est récompensée dès l’ouverture par l’obtention du projet Europa Nostra.

 

 

À l’occasion du 10^ème anniversaire, le musée avait organisé une exposition sur le coton, matière première reine de l’industrialisation de la vallée du Cailly. Dix ans plus tard pour le 20ème anniversaire, le musée proposait une exposition sur l’histoire industrielle de la Métropole et une série de conférences sur la sauvegarde du musée et des sites industriels du territoire. Pour les 30 ans, les acteurs et actrices du patrimoine industriel sont à l’honneur ! Deux journées d’étude leur sont consacrées, de l’échelle nationale à l’échelle régionale et métropolitaine. C’est aussi un moment privilégié de restitution d’une mémoire plurielle de la corderie, entre diffusion d’un film-témoignage inédit sur l’histoire du site et de son sauvetage, table-ronde avec acteurs de la corderie, temps de rencontre avec l’équipe dans les coulisses du musée en mouvement, remake d’un spectacle-mémoire best-seller de la corderie et mise au défi des visiteurs de se mettre dans la peau d’un ouvrier ou d’une ouvrière le temps d’une journée.

 

                  

 

Entre le 5 et le 8 décembre prochain, quatre journées sont placées sous le signe de la mémoire et de la transmission, permettent de réinterroger les enjeux et pratiques de sauvegarde, d’étude et de valorisation du patrimoine industriel, des années 1970 à nos jours par les protagonistes d’hier et d’aujourd’hui. C’est également l’occasion de collecter la mémoire du lieu, tant du point de vue de ceux qui y ont travaillé pendant la période d’activité de l’usine, que de ceux qui ont participé à sa sauvegarde et à sa valorisation ces 30 dernières années. Le weekend des 7 et 8 décembre se veut avant tout un moment de partage joyeux et festif, durant lequel tout un chacun pourra voir, entendre, sentir, toucher et même goûter la corderie autrement. Le brouillage des frontières sera de mise. Les publics seront-ils dans le musée ou dans l’usine ? Avec des ouvrières ou des comédiennes ? Et s’ils devenaient eux-même ouvrier et ouvrière le temps d’une journée ? Car ceux les fidèles le savent, la corderie se vit avant tout, et se revit de générations en générations.

 

Programme des deux journées d'étude : 

• Jeudi 5 décembre à l’Université de Rouen*

Thématique de la journée :

Les acteurs de la sauvegarde du patrimoine industriel sur le territoire national et Régional

• 9h-9h30 : Café et accueil par l’Université et Laurence Renou, Vice-Présidente de la Métropole Rouen Normandie en charge de la Culture
• 9h30 : conférence inaugurale de Florence Hachez-Leroy (CILAC) Qu’est-ce qu’être acteur du patrimoine industriel aujourd’hui ?
• 10h-11h30 table ronde : évolution des acteurs, transformation des enjeux ?

Intervenants :

- Cyril Lachèze, post-doctorant et enseignant contractuel à l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard.
- Emmanuelle Real, chargée de mission sur le patrimoine industriel, Service Inventaire, Région Normandie
- Jean-François Belhoste, directeur d’études émérite, École pratique des hautes études.

• 11h30 / 45 : pause
• 11h45 /12h30 table ronde : Carte blanche aux étudiants du master Sciences historiques ayant participé au projet d’exposition « Reconstruire…l’usine ». 
• Buffet déjeunatoire à l’Université
• 14h-15h15 table ronde : les archives industrielles à toutes les échelles et sous toutes les formes
• 15h30-16h45 table ronde : les entreprises, actrices d’un patrimoine industriel vivant ?
• 17h : pot de clôture de journée

*Adresse : Maison de l’Université (salle divisible nord), Campus de Mont-Saint-Aignan (arrêt Teor T1 «Campus»)

 

• Vendredi 6 décembre : au musée industriel de la Corderie Vallois

Thématique de la journée :

Les acteurs de la sauvegarde du patrimoine industriel sur le territoire de la Métropole

• 9h30-12h30 : Café et accueil par l’Université et Laurence Renou, Vice-Présidente de la Métropole Rouen Normandie en charge de la Culture
• Présentation de l’exposition « 10 actions de sauvetage par l’Association du Musée de l’Homme et de l’Industrie ».
• Echanges avec les acteurs de la sauvegarde du patrimoine industriel et technique du territoire Métropolitain. Chaque association partage son histoire et sa vision d’un patrimoine industriel multiple autour d’un objet.
• Buffet déjeunatoire
• 14h00-16h00 table ronde : de la Corderie au musée en mouvement, une histoire plurielle racontée par ses acteurs. Des acteurs de la sauvegarde de la Corderie Vallois et de sa transformation en musée témoignent de cette aventure exceptionnelle. Projection du film réalisé à l’occasion des 30 ans du musée industriel de la Corderie Vallois
• 16h-16h15 : pause
• 16h15 : Lancement festif de l’exposition «Reconstruire... l’usine». Visite à plusieurs voix avec les étudiants en histoire industrielle de l’Université Rouen Normandie
• 17h30 : Pot de clôture

 

Programme du week-end festif : 

• Samedi 7 décembre

13.30 -16.30 :  Dans les coulisses de la Corderie : derrière les machines.
Venez rencontrer celles et ceux qui font vivre le musée : les acteurs de la Corderie vous font découvrir leur métier et leur quotidien.

15h.00 - 16h.00 : Séance de dédicace avec des auteurs du patrimoine industriel de la région rouennaise : Alain Alexandre, Michel Croguennec et Jérôme Chaïb.

16.30-18.00 : Spectacle La Corderie, quelle histoire ! par la compagnie Des mots des notes, accompagnée des Crieurs d’histoire. Entre réalité et fiction, une immersion dans l’usine en fonctionnement. Nouvelle édition du premier spectacle donné à la Corderie qui faisait salle comble à l’ouverture du musée.
Sur inscription. nombre de places limité : 02 35 74 35 35.

18.00-20.00 : Temps convivial en chanson suivi d’un échange avec Sylvain Colombel (réalisateur) : dans les coulisses du spectacle, la mémoire ouvrière.

20.00 : Buffet dinatoire

 

• Dimanche 8 décembre

Ouvrières et ouvriers d’un jour, venez participer à un grand atelier de création à la découverte des textiles, de la corde et des plantes tinctoriales. L’occasion de préparer quelques décorations et cadeaux pour les fêtes de fin d’années (sérigraphie, impressions sur tissus, fabrication d’objets en corde, animations sensorielles sur le textile…).

 

Musée industriel de la Corderie Vallois
185 route de Dieppe - Notre-Dame-de-Bondeville
02 35 74 35 35 | www.corderievallois.fr
Ouvert tous les jours de 13h30 à 18h
Accès : ligne TEOR n°2 et F4 (arrêt terminus «Mairie - Victor
Schoelcher») ou ligne n°16 (arrêt «Musée de la Corderie»).