Incarnation de l’alliance du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel, la cathédrale occupe une place à part dans l’imaginaire collectif français. Lieu du Sacre, à Reims, mais aussi réceptacle de tous les fastes de la maison royale, Te Deum, baptêmes, mariages, elle ne traverse pas sans dommage l’époque révolutionnaire. En 1792, l’intérieur de Notre-Dame de Paris est saccagé, et les sculptures de la galerie des rois de Juda, confondues avec une représentation de la dynastie française, sont décapitées.
Sous l’Empire, l’édifice connaît une première réhabilitation. Napoléon est sacré empereur à Notre Dame en 1804, et sur son parvis sont bénis les drapeaux des régiments partant à la conquête de l’Europe. Le couronnement de Charles X à Reims le 29 mai 1825, est un événement d’une grande portée symbolique affirmant à travers le restauration du rite celui de la monarchie. Comme lors des cérémonies médiévales, la cathédrale est richement parée, tant sur la façade revêtue d’un décor bleu de style troubadour, qu’à l’intérieur du sanctuaire.
Le second Empire, puis la République, achèvent de reprendre à leur compte la portée symbolique du monument. Mais à travers cette époque troublée, la Cathédrale aura acquis une autre dimension : en 1795, Alexandre Lenoir rassemble au Musée des monuments français, les statues et tombeaux sauvés de la vague iconoclaste : l’atmosphère gothique du lieu fréquenté par nombre d’artistes et d’écrivains contribue à l’émergence de la sensibilité romantique, point de départ d’une réforme de tous les arts.