Irrigués par la mer du Nord et d’innombrables canaux, les Pays-Bas sont depuis le XVIIe siècle, une terre propice à la transcription des paysages maritimes. Les peintres hollandais excellent dans la restitution des interactions de l’eau et de la lumière, et inspirent au XIXe siècle la rénovation de la peinture de paysage en France.
Johan Barthold Jongkind (1819-1891), né aux Pays-Bas mais actif en France dès 1846, joue un rôle de passeur pour la génération impressionniste. Sa Vue d’Overschie est un exemple de cette transition : le réalisme, le large ciel, le miroir d’eau, la volumétrie de l’architecture, sont un hommage flagrant à la tradition hollandaise ; le premier plan, immergeant le spectateur dans le paysage, constitue une innovation que vont reprendre les impressionnistes.
Claude Monet (1840-1926) admire Jongkind qu’il rencontre en 1862. Peut-être est-ce sur ses conseils qu’il décide en mai 1871 de se rendre au nord de la Hollande, à Zaandam. En peignant les moulins, les maisons à pignons, et leur réflexion dans les canaux, Monet dépasse son modèle et met au point certains procédés comme la fragmentation de la touche qui rend vibrante la surface de l’eau, à l’image des emblématiques Maisons au bord de la Zaan à Zaandam.
Monet effectue un second séjour, à Amsterdam, en 1872 ou 1874. Il compose avec soin ses toiles et joue sur les effets atmosphériques à travers ses ciels orageux et gris. En 1886, il revient une dernière fois, brièvement, et concentre son attention sur les champs de tulipes qu’il dépeint avec une économie de moyens qu’il ne cessera d’accentuer par la suite.