A partir des années 1880, une nouvelle génération de photographes commence à s’inspirer des courants de la peinture pour entreprendre de nouvelles recherches, sous l'impulsion de l'anglais Peter Henry Emerson. Ces artistes, que l'on regroupe sous l'appellation de "pictorialistes", et dont font partie Robert Demachy, Edward Steichen, Clarence H White, ou Alvin Langdon Coburn, ont recours à des techniques de tirage artisanales souvent hybrides, faisant appel aux retouches, grattages, rehauts, par analogie avec la gravure ou l’aquarelle. La gomme bichromatée et le platine apparaissent comme leurs procédés favoris. Les ambiances de brume, de fumée, de crachin, de neige et de reflets leur fournissent des thèmes de prédilection, par les effets de flou atmosphérique auxquels elles sont propices. Crée par l'artiste et éditeur Alfred Stieglitz, la somptueuse revue Camera Work sera la vitrine de ce mouvement de 1903 à 1917.
C'est toutefois en marge complète de ce courant que le solitaire Eugène Atget réalise à partir de 1898 une œuvre documentaire singulière, enregistrant systématiquement Paris et ses environs pendant une trentaine d'années. L’étrangeté de ses images et l’atmosphère inquiétante qui s’en dégage, comme par exemple dans ses variations mélancoliques et sombres sur le thème du reflet et des Nymphéas, leur vaudront d’être remarquées par les surréalistes, puis considérées comme des chefs d'œuvre de la photographie après la mort d'Atget en 1927.