Les scènes de canotage et de yachting vers lesquelles Monet et Renoir se tournent à partir de 1869 sont des images inédites d’un monde neuf : celui de la banlieue moderne, façonné par des usages sociaux et des pratiques sportives récemment apparus. En 1872, Monet peint les Régates à Argenteuil, œuvre charnière où le jeu des reflets est restitué au moyen de larges touches disjointes. Il travaille régulièrement sur les bords du bassin au cours des années qui suivent, s’attachant par-delà la stabilité apparente du motif à suggérer la transformation permanente de la lumière. En norvégienne (1887), exécuté plus tard à Giverny, préfigure, avec sa vision légèrement plongeante, les expériences qu’il poursuivra dans la série des Nymphéas.
Renoir n’a pratiqué le paysage qu’occasionnellement, mais les scènes de plein air qu’il exécute en bord de Seine sont capitales. Avec La Yole (1875), il signe une icône de l’impressionnisme : l’image radieuse d’un moment suspendu qui transcende le registre de la chronique.
L’intérêt pour le répertoire du canotage détermine Sisley, venu travailler en Angleterre en 1874, à se rendre à Hampton Court. Il en rapporte Les Régates à Moseley, où toutes les formes sont en mouvement, restituées par une écriture d’une extraordinaire nervosité. Caillebotte, passionné de sports nautiques, analyse les accidents optiques des reflets dans des compositions fortement géométrisées, inspirées par ses promenades en kayak sur l’Essonne. Installé en face d’Argenteuil dans les années 1880, il y peint une suite de toiles marquées par le souvenir des chefs-d’œuvre de Monet. Forain, s’écartant au contraire de l’esthétique de Monet, retrouve des effets proches de l’estampe dans son célèbre Pêcheur, ou du pastel, dans le portrait de son épouse pêchant ; on y devine l’admiration qu’il portait à Degas.