Alors que les expositions impressionnistes marquent le pas, l’année 1884 voit se créer une Société d’artistes indépendants à laquelle participent Cézanne, Gauguin, Pissarro mais aussi Seurat et Signac, âgés respectivement de 25 et 21 ans. En 1886, Seurat fait sensation à l’ultime exposition du groupe impressionniste avec Un dimanche après-midi à l’île de la Grande-Jatte[1], tableau dans lequel il fait usage de couleurs pures juxtaposées. Cette œuvre marque l’émergence d’une approche plus théorique, inspirée par les recherches scientifiques qui renouvellent la compréhension des perceptions colorées.
Cette nouvelle conception de la peinture, appelée néo-impressionnisme, divisionnisme, ou encore pointillisme gagne rapidement des partisans. Le peintre Maximilien Luce l’adopte en 1887 pour sa première exposition au Salon des indépendants. La même année, le Groupe des XX qui réunit en Belgique les artistes les plus modernes invite Signac et Seurat. Ils sont rejoints en 1888 par Louis Hayet qui expose Les bords de l’Oise. Le peintre belge Van Rysselberghe et le néerlandais Jan Toorop se convertissent cette année là à cette nouvelle manière. Chacun interprète le précepte de la séparation des tons avec plus ou moins de rigueur, mais tous adoptent cette touche en mosaïque si caractéristique, qui dissout les formes et exalte les couleurs.
Ces jeunes artistes ne peuvent qu’être intéressés par les reflets aquatiques, qui ont tant séduit les impressionnistes. Ce motif, qui joue avec la diffraction de la lumière, leur permet de vérifier la pertinence de leurs théories, et de se démarquer de leurs aînés. Après la mort de Seurat en 1891, Signac adopte une touche plus large comme dans Les tartanes pavoisées, peint à Saint-Tropez, dont les couleurs vives annoncent la prochaine révolution picturale : le Fauvisme.