La photographie stéréoscopique est mise au point en 1844 par David Brewster, l’inventeur du kaléidoscope. Présentée à l’Exposition universelle de Londres en 1851, elle attire l’attention de la reine Victoria et connaît un succès rapide. Outre le relief, le petit format des plaques permet d’obtenir des « instantanéités » d’une fraction de seconde. Relativement peu coûteuse, la stéréoscopie procure un plaisir à caractère privé – le regardeur-voyeur se trouvant comme isolé du monde –, mais aussi un divertissement social en raison de l’émerveillement et des exclamations qu’elle suscite.. Pour la première fois, il devient possible de capter des scènes vivantes ou d’arrêter le mouvement des vaguelettes sur l’eau. Cette représentation absolument nouvelle de la vie va constituer une prodigieuse archive sociale brassant dans une même foule anonyme ouvriers, bourgeois, commerçants, passants et flâneurs. D’un point de vue formel, les vues stéréoscopiques utilisent de nouveaux angles de vision, des vues plongeantes et des effets d’arrêts sur image annonçant le cinématographe. On trouve des similitudes frappantes entre ces scènes vivantes photographiées et les œuvres de Caillebotte, mais aussi de Monet, Pissarro ou Seurat. Le même type de cadrage fragmentaire et morcelé du réel, avec des effets de gros plan, est utilisé dans nombre de tableaux représentant des scènes de canotage, baignades, pêche, parties de campagne et déjeuners sur l’herbe.